mardi 6 janvier 2009

Temps de parole

Noël est passé, mais la fête continue : le pouvoir vient de s’offrir deux cadeaux.
Depuis le 1er janvier, le temps de parole à la radio des ministres et des élus est soumis à des règles plus strictes. Le CSA veut faire appliquer une loi de 1986. Les chaînes doivent respecter l’équilibre suivant : un tiers pour le gouvernement, un tiers pour la majorité, un tiers pour l’opposition.

Officiellement, il s’agit de garantir le pluralisme. En fait, le système cache bien deux cadeaux : un à la majorité, un autre au chef de l’Etat.

La majorité, d’abord. Ses représentants (les ministres et les parlementaires) ont droit, grosso modo, aux deux tiers du temps de parole. Donc, sur une heure d’interview, à 40mn par exemple ! L’opposition, dans toute sa diversité, se débrouille avec le dernier tiers. Les autres formations se contentent des miettes.

Le Président de la République, ensuite. Lorsqu’il s’exprime, il arrête le compteur. Car le Conseil d’Etat estime que le Président est un arbitre, et qu’il est au-dessus des partis. Même lorsqu’il défend ses projets. Même lorsqu’il attaque l’opposition. Ca ne compte pas. Plus grave encore : lorsque les conseillers de l’Elysée interviennent sur les ondes, cela ne compte pas non plus.

La Société des journalistes de Radio France est très attachée au respect du pluralisme. Nos antennes doivent refléter la réalité des urnes. Mais qui peut croire que ce système est juste ? Ces règles offrent une prime scandaleuse, honteuse, au gagnant des élections.

Aujourd’hui, c’est la droite. Demain, peut-être, la gauche. Peu importe.
A ce jeu là, une seule perdante : la démocratie.